Selon une tradition de plusieurs siècles, le mois de mai est un mois consacré à la Vierge Marie : on lui apporte des bouquets de fleurs et on la prie avec une plus grande ferveur.
En 1815, le pape Pie VII diffuse cette dévotion à toute l’Église. On sait que, à la fin du xvie siècle, saint Philippe Néri rassemble les enfants des rues de Rome autour de la statue
de la Vierge, en leur demandant d’apporter des fleurs comme symbole des vertus chrétiennes qui naissent dans leur vie.
Le mois de mai coïncide aussi avec le Temps pascal, ce temps long – plus long que le Carême, ce n’est pas un hasard – au cours duquel l’Église célèbre la joie du salut offert par le Christ,
joie qui sera couronnée par les dons de l’Esprit Saint le jour de la Pentecôte, le 28 mai prochain.
Cette juxtaposition de la joie pascale et d’une dévotion mariale portée par la tradition n’entraîne pas de concurrence, mais exprime plutôt une harmonie spirituelle et théologique.
La Vierge Marie, première destinaire du salut, se réjouit avec nous et nous offre en même temps un modèle solide et fiable pour notre vie chrétienne, c’est-à-dire pour notre vie de sauvés.
Comme elle, nous accueillons le Ressuscité avec foi et humilité et, avec elle, nous nous laissons transformer par cette victoire de l’Agneau sur toute forme de mal. En Marie, nous contemplons
les effets de la grâce dans la nature humaine : cette grâce ne nie pas ce que nous sommes, notre histoire et nos désirs, mais vient nous transformer de l’intérieur. L’humain et le divin se
rejoignent en Marie et sont en pleine coopération, de telle sorte que même la petitesse et la faiblesse humaine sont mises au service du projet de Dieu.
Il y a là un grand mystère, celui
de la sainteté, qui ne repose pas sur nos forces, mais qui suppose la participation active de l’homme. Je peux alors trouver, dans la grâce que Dieu communique, à la fois l’origine du bien
que je fais et la réponse au mal que je commets : sa miséricorde. Marie est à la fois le Temple de l’Esprit Saint et le Refuge des pécheurs.
Le bouquet spirituel que nous portons à Marie en ce mois béni peut donc être composé de boutons comme de fleurs. Les boutons, ce sont ces vertus que nous n’avons pas
encore su développer et pour lesquelles nous avons besoin de miséricorde : pour cela, Marie nous conduit par un chemin sûr à son Fils. Les fleurs, ce sont ces actes pleins de charité
qui ont déjà fleuri en nous et pour lesquels, avec Marie, nous rendons grâce, car c’est par grâce qu’il nous a été possible de les pratiquer.
Abbé Louis Thomazo - Retrouvez-le sur www.padreblog.fr