Ce mois d’octobre va donner lieu à la session conclusive à Rome du synode qui a travaillé, depuis de longs mois, pour une Église synodale.
Permettez-moi d’abord de ne pas poser la question de savoir si c’est une bonne chose de faire un synode ou de ne pas en faire,
de savoir s’il faut plus de synodalité ou non, de savoir si les décisions espérées ou craintes seraient bonnes ou mauvaises. Le fait même que ces questions existent et s’imposent si facilement à nous devrait nous faire prendre conscience d’une manière bien pauvre
de réagir. Faudrait-il nous contenter de nous positionner dans du « pour » ou du « contre » ? C’est peut-être même l’un des enjeux que nous pourrions accueillir, pour nous-mêmes, pour l’Église et plus largement pour le monde. Lorsque nous sommes tentés par les
oppositions franches, il pourra être intéressant de noter que, le plus souvent, il y a des nuances, des complexités qui nous échappent et qui devraient nous conduire à un pas supplémentaire dans la réflexion.
Le mot « synode » est construit sur deux racines grecques : odos – le chemin – et syn – ensemble. Après ces quelques années de travail et de réflexion sur le fonctionnement synodal de nos communautés, il me semble percevoir que nous avons pu infléchir
en partie l’orientation de nos réflexions. Serait-ce un mouvement guidé par l’Esprit Saint ? Je dirais volontiers que notre première préoccupation a été le odos, le chemin. Animés que nous étions de grands désirs pour l’Église et pour nos communautés,
nous avons envisagé des réformes ou des retours aux origines de la tradition. Très bien. Mais peut-être que, chemin faisant, nous avons découvert l’importance du préfixe syn, ensemble. Nos idées ne sont bonnes, ou plutôt elles ne sont inspirées, que si
elles se conjuguent avec les inspirations des autres. Le synode est d’abord, et avant tout, l’expérience de la communion fraternelle, d’une mise à l’écoute commune de l’Esprit Saint pour le monde, dans l’Église.
Ce chemin aura-t-il été l’occasion de faire passer ce « ensemble » du statut de slogan facile et sympathique à celui d’une réalité vécue ? Nous mesurons sans doute le chemin qui a été parcouru et nous pouvons en rendre grâce. Nous sommes bien
conscients que beaucoup reste à vivre : que cela soit pour nous un encouragement !
Père Alain de Boudemange